On les connaît encore peu ces Phantom Buffalo, et ceux qui comme moi les découvriront avec ce troisième album goûteront à quelque chose qui se boit comme du Belle & Sebastian, et se déguste comme du Sunset. On retrouve effectivement ici la même exigence que ces derniers pour ce qui est de l’architecture globale du disque, avec une belle uniformité de compositions qui se magnifient l’une et l’autre et entrent en totale cohésion. Le son des quelques guitares cristallines et surtout la voix légère et timide de Jonathan Balzano-Brookes sauront quant à eux rapidement nous rappeler au bon souvenir d’un Stuart Murdoch des débuts, encore un peu frêle mais tellement touchant. On pensera également inévitablement aux Byrds à l’écoute de ce vaste Cement Postcard With Owl Colours, mais là où le groupe de Portland se démarque de la plupart des artisans pop, c’est dans cette faculté à laisser murir une idée pour un résultat qui gagne toujours à être exploité dans toute sa longueur. C’est ainsi que les morceaux les plus remarquables de cet album sont également les plus étendus. Greenstar Botanical Airway, Bad Disease, Trinket Shop ou Frogman, autant de compositions comptant parmi les plus belles entendues cette année et qui nécessitent un minimum de six minutes pour que chacun de leurs tiroirs puissent s’ouvrir en temps et en heure avec de belles petites trouvailles à la clé. Phantom Buffalo est un groupe qui joue avec la modestie des plus célèbres formations pop et qui profite de sa grande intelligence pour nous amener sur des chemins finalement très peu empruntés. Probablement l’une des plus belles façons de faire du neuf avec du vieux, joli coup !