Télescopage instrumental formidablement évocateur et singulier de beats downtempo ou drum’n’bass, d’atmosphères proches du dark ambient, d’electronica maladive, de cordes tantôt menaçantes ou dépressives ou encore de bossa-nova déglinguée sur le malaisant A Galaxy Of Scars d’ouverture, cet album hanté et totalement désespéré déchire le coeur à chaque écoute, à l’image de l’ode métaphysique à la solitude des loup-garous que constitue le formidable For All The Brothers And Sisters.

Errance d’une âme suicidaire perdue dans un cauchemar urbain que toute humanité aurait déserté, on y retrouve le côté le plus sombre des univers de quelques-uns des illustres voisins bristoliens de Matt Elliott (citons Massive Attack, Portishead ou Tricky), les sonorités du disque évoquant un Funki Porcini neurasthénique et sous-produit ou préfigurant par moments celles d’un múm des débuts qui aurait perdu toute candeur et assisterait, impuissant, à la fin des temps. À ses plus belles heures cinématographiques, The Third Eye Foundation fut sans nul doute le Godspeed You ! Black Emperor de l’électro, et ce chef-d’oeuvre oublié, rien de moins que l’un des plus grands albums des années 90.