L’Overd00’s : 2002
L’overd00’s du Forum Indie Rock ici retranscrite par la rédaction est le fruit de deux mois passés par nos membres à dresser le bilan de la décennie qui vient de s’achever. Tout au long des semaines à venir, nous allons vous faire replonger dans le meilleur des années 2000, 11 articles qui viendront fleurir la Une du Mag, résultat d’une élection passionnante, éprouvante et agrémentée des choix tout à fait personnels de la rédaction. Souvenirs et découvertes garantis.
2002, cuvée culte s’il en est pour les votants du FIR qui lui ont consacré pas moins de 17 albums, ne laissant guère de latitude aux rédacteurs d’IRM pour ajouter leur grain de sel à l’affaire... et qu’importe ! Car avec pareille liste inutile d’en rajouter, en témoigne la présence de sept de ces artistes (dont trois pour les mêmes albums) dans notre sélection des Incontournables il y a deux ans, à croire qu’en 2002 les amoureux de rock indé et autres musiques transverses étaient comme par miracle sur la même longueur d’onde.
Archive - You All Look The Same To Me
Tiraillé entre révolte et désespoir, un ambitieux concept-album à la croisée des univers de Pink Floyd, Radiohead et Massive Attack, récit de deuil d’une rare puissance émotionnelle transcendé par l’interprétation-vérité de l’Irlandais Craig Walker, architecte à part entière d’Archive au côté de la paire fondatrice Keeler/Griffiths le temps d’un triptyque rêche et douloureux qui fera paradoxalement connaître le groupe du grand public européen. Le genre d’album aux plaies béantes dont on ne ressort jamais tout à fait indemne.
(RabbitInYourHeadlights)
Craig Armstrong - As If To Nothing
Le crépuscule d’une relation vu par l’ancien arrangeur de Massive Attack avant que son talent de compositeur et de producteur ne s’effrite au fil des commandes hollywoodiennes (du moins jusqu’à la belle renaissance de Memory Takes My Hand en 2008) : un sommet d’électro orchestrale à l’atmosphère de fin de monde, tirant le meilleur de ses collaborations vocales (Wendy Stubbs d’Alpha, Evan Dando des Lemonheads, Bono de, hum, U2... qui n’avait jamais aussi bien chanté soit dit en passant) comme instrumentales (Mogwai, Photek), et dont le pouvoir d’évocation cinématique n’a rien perdu au contact de la publicité qui n’a cessé de recycler les morceaux de ce deuxième opus depuis sa sortie, à l’exemple de ce Finding Beauty :
(RabbitInYourHeadlights)
Beck : Sea Change
La folk moderne tient son mètre-étalon, et Beck un classique instantané dont on n’attendait pas forcément l’écriture limpide et les arrangements épurés de la part de ce touche-à-tout réputé pour ses collages post-modernes de loser magnifique. Mention également à Nigel Godrich, metteur en son "historique " de Radiohead qui signait peut-être bien là sa plus belle production à ce jour, toute en nuances subtiles de percées lumineuses et de brumes mélancoliques. Un sens des contrastes poussé à son paroxysme sur ce fabuleux Paper Tiger (ici avec rien de moins que les Flaming Lips en backing band, cadeau de Noël 2002 de la station de radio californienne KCRW) digne de Nick Drake dont les cordes virevoltantes doivent au moins autant au Melody Nelson de Serge Gainsbourg :
(RabbitInYourHeadlights)
Boards Of Canada - Geogaddi
Quelle impression étrange en découvrant la pochette de ce Geogaddi, kaléidoscope rougeoyant aux formes organiques et géométriques aussi fascinantes que dérangeantes. Des arbres et des hommes, juste ce qu’il fallait en somme pour préparer l’auditeur aux paysages mentaux labyrinthiques et grouillants mais paradoxalement toujours aussi oniriques de ce sommet d’abstraction analogique du duo écossais, qui perd (mais si peu) en groove et en apesanteur ce qu’il gagne en méandres névrotiques et en sombres recoins de l’inconscient à explorer. Le côté obscur de Music Has The Right To Children ?
(RabbitInYourHeadlights)
Death In Vegas - Scorpio Rising
Trois ans après The Contino Sessions, l’entêtante Dirge résonne encore dans les oreilles mais Death In Vegas ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Les bases d’un psychédélisme flottant entre électronica et rock ont été posées sur le précédent opus, Scorpio Rising doit être l’album qui permettra au duo britannique de grimper les marches deux par deux pour atteindre les sommets de l’extase. Et autant le dire d’emblée, Richard Fearless et Tim Holmes ont sorti les guitares pour un résultat plus abrasif que le précédent (Leather en ouverture parfaite), avec notamment le single sulfureux Hands Around My Throat, mais tout aussi planant et onirique avec les belles participations de Dot Allison ou Hope Sandoval remarquables et envoûtantes comme à leur habitude. Et surtout, Death In Vegas est parvenu à révéler Liam Gallagher sous son meilleur profil, sans doute inspiré par un autre revenant, Paul Weller, également en forme au sein de cet univers sonore aux inspirations orientales. Autant de raisons de se laisser emporter dans cette ascension hallucinogène, le groupe n’ayant pas réussi à aller plus haut par la suite.
(darko)
Dionysos - Western Sous La Neige
Le succès fort mérité de Dionysos sur la scène rock française n’est un secret pour personne. Des concerts chargés d’ivresse et de sueur, un Mathias Malzieu slammeur au grand cœur dans toutes les salles de France et de Navarre, la réputation du groupe en live n’est plus à faire. Fondé en 1993 à Valence par des lycéens, puis rejoint en 1997 par Élisabeth Maistre (Babet) au violon, c’est finalement en 1999 avec Haïku et son fameux Coccinelle que leur carrière prendra toute sa hauteur.
La suite, eh bien c’est ce Western Sous La Neige tout simplement produit par l’un des grands noms du rock indé : Steve Albini. In Utero de Nirvana c’est lui, Surfer Rosa des Pixies aussi, Rid Of Me de PJ Harvey itou. Un groupe bon à la scène, avec un bon producteur, il manque quoi finalement ? Les chansons pardi, et en la matière les Dionysos ont une recette toute personnelle. Mêlant des textes en français et en anglais, un coup de rock par ci, un coup de blues par là, de l’onirisme à droite, des références populaires à gauche, le grand melting pot qui en ressort fait forcément le bonheur de tous.
Western Sous La Neige est ainsi fait, de paroles cultes - "J’ai froid je pleure de la neige", "Danse dans ton anorak", "When i was a child, i was a jedi" ou l’entêtant "Tasting the mint and tasting the whiskey" servi par l’ingénue Babet et qui illumine le Longboard Blues - et de mélodies forcément fières de leurs inspirations anglo-saxonnes. Dionysos, l’un de ces grands groupes hexagonaux qu’il est bon ne pas oublier dans la mémoire de nos années 2000, et c’est chose faite.
(indie)
DJ Spooky - Optometry
Fruit de la rencontre entre les cordes martelées et répétitives du piano monomaniaque et complètement free de Matthew Shipp et les samples inventifs de l’infatigable et exigeant explorateur musical Paul D. Miller aka DJ Spooky, Optometry est tout simplement époustouflant.
Treize pièces qui naviguent entre free jazz montagne russe, mutant et urbain, électronique percutante, hip-hop déviant, musique tribale ou tout simplement ambient à l’issue desquelles il ressort, paradoxalement, une impression de très grande cohésion. Le livret avance les termes de Cybernetic Jazz, Laptop Jazz ou de Nu Bop et rien ne saurait mieux résumer le résultat de cette rencontre entre deux personnalités certes différentes mais ayant pour point commun le besoin irrépressible de toujours regarder loin devant. Une architecture alambiquée mais jamais vaine. Surtout, un très beau disque.
(leoluce)
Rob Dougan - Furious Angels
Critiqué tantôt pour sa voix rauque au timbre éraillé, tantôt pour une ambition symphonique jugée démesurée, le Sakamoto du trip-hop découvert par le grand public via la BO de Matrix Reloaded (sic) huit ans après la claque électro orchestrale de Clubbed To Death atteint des sommets de lyrisme douloureux avec cet album de deuil amoureux synthétisant à la perfection les beats métaphysiques de Massive Attack et les envolées de cordes de John Barry. A redécouvrir d’urgence, en croisant les doigts pour que l’Australien se décide enfin à concrétiser avec un deuxième opus annoncé en chantier depuis 2006.
(RabbitInYourHeadlights)
The Flaming Lips - Yoshimi Battles The Pink Robots
Si l’album le plus ambitieux, aventureux et mélancolique des Flaming Lips est aussi leur plus grande réussite commerciale à ce jour, c’est sans doute qu’un petit miracle a touché cette odyssée psychédélique aux allures de symphonie synthétique : la convergence de deux talents à leur sommet, celui du fou génial Wayne Coyne, architecte de cet univers allégorique dont la candeur confrontée aux émotions programmées d’une société compartimentée ne ressemble finalement qu’à lui, et de Dave Fridmann, producteur emblématique des cousins des Catskills Mercury Rev et compagnon de longue date du combo d’Oklahoma City qui, par une alchimie dénuée de tout repère temporel ou technologique, a su donner la consistance souhaitée à ces fabuleuses compositions aux tiroirs pleins d’envolées stellaires, de jams au groove analogique et autres grouillements saturés, à la croisée du space rock le plus aventureux et de la pop la plus lyrique et désarmante qui soient :
Quatre ans plus tard, At War With The Mystics mettrait la barre encore plus haut en délaissant tout artifice de concept-album sans rien perdre en cohérence ni en inventivité, mais sans connaître malheureusement le même succès.
(RabbitInYourHeadlights)
Beth Gibbons & Rustin Man - Out Of Season
Quand l’une des chanteuses emblématiques du trip-hop laisse libre cours à son amour pour la folk de Nick Drake, les élans stratosphériques de John Barry, les rêves éthérés d’Angelo Badalamenti ou encore la soul luxuriante de Curtis Mayfield avec l’aide d’un ancien Talk Talk en instrumentiste maître de l’espace (a)temporel, l’ivresse de l’Eden nous submerge, chœurs de sirènes aidant... à moins qu’il ne s’agisse d’un subterfuge du purgatoire ? Infiniment plus subtil, touchant et passionnant que le dernier Portishead, un album en état de grâce à l’image notamment de cet immortel Tom The Model :
(RabbitInYourHeadlights)
Godspeed You ! Black Emperor - Yanqui U.X.O.
Cinq morceaux, une heure et quart de musique, un album. Ne serait-ce que dans sa forme, Yanqui U.X.O. est parfaitement représentatif de Godspeed You ! Black Emperor. Quant au fond, il illustre l’aboutissement de l’œuvre du groupe phare du label Constellation. De la pochette à la musique, en passant par le titre du disque, le groupe dénonce sans équivoque l’industrie de l’armement. Rarement un album de rock instrumental aura été à ce point expressif. On retrouve évidement ces montées en puissance précédant les déflagrations soniques mais si les Canadiens atteignent ici le sommet de leur art, c’est aussi en maîtrisant à la perfection le difficile exercice de la répétition, celle qui captive et maintient la tension sans laisser à l’auditeur la possibilité de tomber dans l’ennui, en prenant notamment la forme de passages éthérés voire lancinants. Comme le calme avant la tempête ? Non, plutôt du désespoir parsemé de rage vaine.
(spydermonkey)
Interpol - Turn On The Bright Lights
On aura tout fait pour ne pas leur faciliter la tâche lorsque Interpol sortent Turn On The Bright Lights en août 2002. Accusés par les mauvaises langues de copier à outrance Joy Division, ou même d’être un groupe "façade" sans âme et monté de toutes pièces, les New-Yorkais ont d’abord dû se battre contre les préjugés. C’était sans compter sur les qualités indéniables d’un album collectionnant les singles et les riffs de guitares incisifs qui feront mouche et transformeront ce premier essai en immense succès mondial. Un son tellement évocateur et particulier à la fois que le délicieux chant rocailleux de Paul Banks ou les élégantes rondeurs émanant de la basse de Carlos Dengler restent aujourd’hui encore autant d’atouts charme qui font de cet album l’un des plus solides piliers de la décennie passée. Devenus une véritable référence en terme de rock puissant et ténébreux, c’est forts d’un excellent second opus ( Antics, 2004) puis d’un honnête Our Love To Admire (2007) que les Américains reviennent faire les gros titres de l’actualité avec un quatrième effort éponyme prévu pour le 7 septembre 2010.
(Pol)
The Libertines - Up The Bracket
Fantastiques Libertines faisant frémir d’impatience les quatre coins du royaume d’Albion dans l’attente de leur album avec pour seule trace discographique un single magique de trois minutes à peine (What A Waster). A sa sortie, Up The Bracket, premier essai du quatuor briton est une déflagration, une suite royale de tubes immenses (Up The Bracket, Time For Heroes), une collection d’hymnes punk à la gloire du bordel non-organisé (Vertigo, I Get Along, The Boy Looked At Johnny et son inoubliable beuglante inaugurale), un fantastique recueil de ballades amères en clair-obscur (Tell The King, Begging ou le déchirant The Good Old Days) et de grandes chansons à tiroirs (extraordinaire Horrorshow !) non-produites d’une main de maître par Mick Jones. Dans le sillage du Is This It des Strokes, le premier effort des Libertines se pose en disque de chevet d’une génération en manque de repères qui trouvera enfin en ce disque devenu culte une Converse à son pied.
(Casablancas)
Low - Trust
Low, groupe incompris ? Cela reste à voir. Exemple type des musiciens qui se font coller une étiquette irritante à leur corps défendant ("slowcore", "sadcore"... et puis quoi en "core" ?), parfois épinglés pour leurs convictions religieuses (lesquelles n’ont, jusqu’à preuve du contraire, rien à voir avec leur musique), Alan Sparhawk et Mimi Parker n’en ont pas moins décroché, avec leur 5e album Things We Lost In The Fire, la 117e place au classement des "200 albums du siècle" par Pitchfork. Le suivant, ce Trust à la mystérieuse pochette écarlate, squatte pour sa part la 71e place de notre propre palmarès. Un album crépusculaire et fascinant, mais aussi un des derniers témoignages de ces arrangements dépouillés jusqu’au minimalisme qui firent les beaux jours du groupe. On retrouve ici les frissonnantes harmonies vocales du couple Sparhawk/Parker (sublime Time Is The Diamond !), les crescendos implacables (I Am The Lamb, Little Argument With Myself), les hymnes funèbres (John Prine) et les mélodies décharnées, dépouillées jusqu’à l’abstraction. Un substrat de musique débarrassé des oripeaux rock qui viennent cependant hanter ce disque (Canada) et qui se feront plus présents dans l’album suivant. Mais pour retrouver l’essence de Low, oppressante et quasi mystique, faites confiance à Trust.
(jediroller)
múm - Finally We Are No One
Les grands espaces électro mélancoliques et abstraits du groupe islandais deviennent récit onirique avec ce deuxième album pile entre glitch-pop, ambient et post-rock acoustique, aussi poétique et évocateur que les intitulés surréalistes de ses chapitres le laissent deviner. Une ballade aux confins des songes avec pour seules guides les jumelles Valtýsdóttir, femmes-enfants aux timbres étranges et fascinants qui seront séparées par la suite, Gyða quittant le navire pour laisser Kristín Anna habiter seule les complaintes électro-acoustiques de Summer Make Good, dernier sommet de cohérence et de sobriété poignante avant le virage plus pop et foisonnant qu’entreprendront par la suite Gunnar Örn Tynes et Örvar Þóreyjarson Smárason en étendant la formation à une véritable petite fanfare sur albums comme sur scène.
(RabbitInYourHeadlights)
The Notwist - Neon Golden
Il y a des instants qui restent gravés dans la mémoire, la découverte de Neon Golden en fait partie et pourtant c’était sur une simple borne d’écoute. Cette toute première fois avait réussi à subjuguer son auditeur sans qu’il puisse véritablement comprendre cette œuvre d’une telle richesse épurée, novatrice pour son époque. Aujourd’hui encore, cette personne n’a toujours pas trouvé les réponses et l’émerveillement est plus que jamais de mise. The Notwist a tout simplement réussi l’un de ces mélanges subtils et intriqués, une recette magique et complexe entre acoustique, électricité et électronica, parvenant même à réinventer le format pop avec Pilot, single à la mélancolie radieuse ; la dernière touche de cette formule se révélant d’une beauté troublante avec le magnifique Consequence, sans compter tous les autres ingrédients qui font de Neon Golden un incroyable moment de plaisir.
(darko)
Queens Of The Stone Age - Songs For The Deaf
Après le cocktail hallucinant de drogues et d’alcool, Feel Good Hit The Summer en tête, sur l’excellent Rated R, c’est l’heure pour Queens Of The Stone Age d’enchaîner en caisse décapotable et de foncer sur les routes désertiques afin de quitter la Cité des Anges. Libre de tout, sans vraiment savoir où aller, avec pour seul fil conducteur une radio dont les stations ne cessent de changer, la bande de Josh Homme épaulé au chant par Mark Lanegan entraîne l’auditeur dans cette virée infernale à coups de riffs percutants et trépidants sans lui laisser aucun répit avec la rythmique puissante et épileptique de Dave Grohl en invité de luxe, ou encore la basse tonitruante de Nick Oliveri déjanté et encore présent. Et malgré ce voyage initiatique et hallucinogène quelque peu éprouvant au premier abord, Songs For The Deaf révèle son lot de singles imparables et jouissifs qui permirent finalement aux échappés de Kyuss de s’offrir une plus large audience en s’éloignant du stoner rock de leurs débuts sans toutefois oublier totalement leurs racines.
(darko)
Damien Rice - O
Si tout le monde était capable de s’abandonner à ses émotions comme Damien Rice, Lisa Hannigan, Vyvienne Long et les autres l’ont fait sur cet album, ça ferait longtemps qu’on n’aurait plus de larmes à pleurer. On va la regretter longtemps, cette bonne vieille année 2002 où ces trois-là ont acquis notre éternelle reconnaissance.
Encensé de toute part, O fait partie de ces albums dont le succès nous rassure. Car sauf à avoir un cœur en pierre, de Volcano à Amie, de The Blower’s Daughter à Older Chests pour n’en citer que quelques-unes parmi mes préférées, on ne peut rester insensible. La folk mal rasée et à fleur de peau de Damien y est pour beaucoup. Le charme insoutenable de Lisa, le temps d’un couplet, d’un canon, d’une chanson ou d’une respiration, c’est la cerise sur le gâteau ; le violoncelle de Vyvienne : le liant de cette douce effervescence.
C’est l’Irlande toute entière qu’on applaudirait presque d’enfanter des artistes de la sorte, même si la magie d’un tel album risque de rester longtemps difficile à reproduire.
(indie)
Shivaree - Rough Dreams
Du pays des rêves agités, Ambrosia Parsley fut le temps d’un album la reine des fées, hésitant entre deux prétendants, l’un compositeur-guitariste en roue libre tenté par le jazz-punk, l’autre claviériste-producteur rompu aux collages électro-pop les plus hétéroclites. De quoi passer mille et une nuits étranges en charmante compagnie, entre fantasmes délicieusement rétro et pulsions doucement déglinguées dans la continuité du prometteur I Oughtta Give You A Shot In The Head For Making Me Live In This Dump dont le single à succès Goodnight Moon avait malheureusement masqué la singularité toute subconsciente.
(RabbitInYourHeadlights)
Sigur Rós - ( )
Si Ágætis Byrjun, deuxième disque de Sigur Rós, fut l’album de la révélation, ( ) fut sans aucun doute celui de la confirmation. Tout ici est mystérieux : de la pochette en papier calque, vierge de toute indication si ce n’est celle du nom du groupe, aux paroles en "Vonlenska" (que l’on pourrait traduire par "la langue de l’espoir"), tout simplement inventées par Jónsi. Celui-ci nous porte grâce à sa voix pure et c’est sans complexe aucun que les quatre Islandais continuent sur leur chemin toujours tourmenté mais en se dirigeant vers l’espoir - thème récurrent depuis leur premier opus Von. Cet album est probablement le plus contemplatif de la discographie du groupe, mais conserve des envolées incandescentes et lyriques d’autant plus marquées, notamment sur Untitled 7 et Untitled 8 (ultérieurement renommés Dauðalagið et Popplagið).
(spydermonkey)
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