Sexy Rexy - s/t
Petits protégés des « Art-Errorists » de Faust, le duo transalpin Sexy Rexy livre ici un premier disque plein de fraîcheur où la noise n’a pas peur de sortir des sentiers battus pour un résultat tout aussi imparable que maîtrisé.
1. Murmur
2. Swine Flu
3. Panna Montana
4. Beauty Is In The Eye Of The Beholder
5. .
6. Through The Mountain
7. Somewhere. So
8. Sue KamikaZo
9. Stanzas (For Emily Brontë)
10. I Love My Son
C’est vrai que de prime abord, avec sa pochette blanche qui ne paie pas de mine, ses photographies trafiquées au cutter, ses taches de couleur fluo et son nom qui rappellera aux plus vieux les grandes heures du minitel rose, ce premier disque éponyme de Sexy Rexy ne donne pas vraiment envie. Mais voilà, comme il est sorti sur le tout jeune label d’Amaury Cambuzat (guitariste de Faust et également force motrice d’Ulan Bator dont on réécoute régulièrement le Végétale de 1997 entre autres) et qu’il l’a créé pour les bonnes raisons – « After years of hope and delusion with the music business, Amaury has decided to create his own new label with the intention to develop and produce his own different projects, and also other artists he likes artistically » s’explique-t-il sur la page d’accueil d’Acid Cobra - on tente une écoute. Et force est de constater que lorsque le disque s’arrête, on le remet volontiers. D’abord parce qu’il est très agréable et surtout pour être bien sûr de ce que l’on vient d’entendre.
Ce que l’on vient d’entendre, c’est 38 minutes et 50 secondes d’une noise labyrinthique majoritairement instrumentale, assez folle et qui tire dans tous les sens. Une noise riche en scories punk-rock au mégaphone (Swine Flu ou Beauty Is In The Eye Of The Beholder), en digressions krautrock de haute volée qui prennent le temps de prendre le temps (Panna Montana ou le sibyllin .), en introductions caribéennes iconoclastes (Somewhere, So), en élans carrément psychédéliques et en chœurs étranges (Through The Mountain), une noise qui emprunte des chemins de traverse et trace des méandres sonores du plus bel effet. Et ils ne sont que deux pour faire tout cela sur ce bel éponyme, aidés de temps en temps par Amaury (qui ne prête décidément pas que ses initiales à son label) au chant, aux claviers ou à la guitare, qui a également donné un coup de main à la production.
Mais peut-être est-il temps de faire les présentations. Sexy Rexy est donc un duo italien composé de Diego Vinciarelli (que l’on retrouve également dans le line-up de Chaos Physique, side-project lui aussi signé sur Acid Cobra , en compagnie de Pier Mecca et d’Amaury) qui chante, crie, choie ou maltraite sa guitare, s’occupe également de la basse, joue volontiers un petit peu de flûte (notamment sur le très bon et très fragmenté Stanzas (For Emily Brontë), véritable patchwork de tous les visages de Sexy Rexy) et aide le cas échéant Luca Andriola aux percussions quand ce dernier n’est pas accaparé par les chœurs ou par sa batterie et les tempi véloces exigés par cette musique aux multiples facettes. Aussi à l’aise dans les morceaux à la concision on ne peut plus frontale que dans les longs labyrinthes guitaristiques peuplés de parasites sonores, dans les constructions à l’indéniable maîtrise que dans celles à la folie un peu plus apparente, Sexy Rexy livre donc un disque au relief cabossé où l’on ne s’ennuie jamais, l’oreille arpentant à la fois pics écorchés et plaines plus contemplatives, un disque original qui met les synapses en pelote. Se réclamant à la fois de la no-wave et du krautrock (et c’est vrai que l’on pense de loin à Neu !, DNA et autres mètres-étalons), on rapprochera surtout Sexy Rexy de leurs compatriotes de Io Monade Stanca ou des anglais de Quickspace pour ce goût des fulgurances franchement bordéliques sur les bords.
Sexy Rexy, loin de n’être qu’un pseudonyme libidineux, est surtout le nom d’une variété de rose. Un rose bien pleine, au coloris clair se détachant sur une végétation vigoureuse, très résistante et finalement quelle meilleure définition pour la musique du duo, à la fois délicate, robuste et piquante. Voici donc un premier disque court, nerveux, très agréable à l’écoute et qui fleure bon l’artisanat revendiqué. Bonne pioche et on souhaite à Acid Cobra encore beaucoup d’opus de cet acabit.
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