En près de 16 ans, seul un featuring sur le génial Blazing Arrow de Blackalicious nous avait apportés des nouvelles fraîches de Gil Scott-Heron, en dehors des sempiternelles anthologies et autres rééditions. A croire que cette figure tutélaire du hip-hop et de l’acid jazz, père du slam et de la nu-soul, en avait terminé pour de bon avec les revendications sociales qui l’avaient vu prendre le micro pour la première fois à un coin de rue de Harlem pour enregistrer avec quelques percussions le séminal Small Talk At 125th & Lenox en 1970.

On était donc, sinon véritablement fébrile en raison du temps passé, disons pour le moins intrigué de le retrouver après cet interminable hiatus avec un nouvel opus à paraître officiellement demain, mais d’ores et déjà révélé dans son intégralité via ce widget offert par XL Recordings au magazine guardian.co.uk :

Eh oui, 28 minutes seulement, il ne fallait pas espérer un nouveau The Revolution Will Not Be Televised mais gageons que la curiosité pourrait vite se changer en affection durable pour ce I’m New Here, entre une cover de Smog en guise de morceau-titre, un spoken word toujours très personnel et omniprésent mais sur des boucles électro minimales ténébreuses et abstraites convoquant par moments l’esprit du formidable I Can Hear Your Heart d’Aidan Moffat, des passages bluesy plus lo-fi ou un premier single crépusculaire teinté de dubstep et illustré comme il se doit en noir et blanc par ce clip urbain et inquiétant :

Me And The Devil, on ne pouvait faire titre plus parlant venant d’un artiste dont l’addiction à la cocaïne lui aura valu ces dernières années deux arrestations et trois ans passés en prison, pour retrouver à sa sortie une société toujours dénuée du moindre espoir de rédemption. De quoi décider le poète new-yorkais à reprendre les armes ?