Charlotte Etc. - Nous Ne Savons Plus Qui Nous Sommes
Un album dessiné sur tableau noir et s’inscrivant parfaitement dans l’air du temps, c’est ce que nous propose Charlotte Etc. formation parisienne à présent devenue duo. Voilà un troisième album en guise d’accomplissement pour ces deux musiciens dont la complémentarité des univers a su être le parfait catalyseur du savoir-faire de l’un et de l’autre.
1. Les Mots Violents
2. Derrière
3. Heavenly Yours
4. Couru D’Avance
5. Far Away Place
6. Betty’s Sister
7. Sauve-Moi
8. Le Convoi
9. Label Société
10. La Détente
11. Nous ne Savons Plus Qui Nous Sommes
Ce nouvel opus étonne par sa disparité et fourmille de sonorités familières qui nous arrivent de toutes parts. Ces sensations frappantes ne résultent cependant sûrement pas de quelconques intentions de plagiats réalisés à droite à gauche, mais d’une diversité d’inspirations, volontaires ou non, effectuées chez les meilleurs, ce qui les rend d’autant plus perceptibles. Trois ombres particulièrement marquantes se détachent ainsi et semblent planer au-dessus de nos têtes, parvenant à conserver tant bien que mal une certaine logique à l’enchaînement des onze compositions de Nous ne Savons Plus Qui Nous Sommes. Les amateurs des années 90 seront ainsi probablement ravis de ressentir alternativement le rock rageur et la poésie de Noir Désir, la richesse d’orchestration et la beauté des mots d’Alain Bashung, et le trip-hop glacial de Portishead. Les références listées pourraient faire penser à un projet excessivement présomptueux mais ce troisième album bénéficie d’une production largement à la hauteur notamment grâce à l’ingénieux travail de Yann Féry. Définitivement intégré à la formation depuis 2004, il est épaulé par d’autres musiciens, pour certains invités sans surprise dans ce registre musical comme Emiliano Turi le batteur de Romain Humeau.
Et si la voix de Charlotte Guy résonne aussi bien en français qu’en anglais, c’est dans la langue de Molière que nous profitons le plus de l’entrechoquement électrique des mots et de quelques rimes enjôleuses. Une sombre poésie dont les belles sonorités nous envahissent sur quelques-uns des plus beaux textes qui nous sont présentés : L’inaugural Les mots violents dont la narration nous évoque par moments celle de Brigitte Fontaine et surtout Couru d’avance, merveille littéraire écrite par Jean Fauque. En attendant le retour de Bertrand Cantat au creux de nos cages à miel, on savoure d’autant plus ce genre de performances qui prouvent une nouvelle fois que les mots savent sonner au moins autant que les mélodies, et parfois plus encore lorsqu’ils sont aussi bien travaillés. Puis quand surviennent les rares moments de douceur (Heavenly Yours et Betty’s Sister), où les paroles engagées laissent place à un souffle léger, c’est avec les rondeurs de la langue anglaise que s’exprime notre parisienne pour apporter un contraste fort et évacuer le trop-plein de noirceur dans lequel on aurait pu sombrer.
Alternant rock, pop et électronique, les atmosphères façonnées par Yann Féry deviennent le terrain de jeu idéal à l’épanouissement vocal de son acolyte féminin qui s’en sort avec les honneurs dans chacun des rôles endossés.
On pourrait s’amuser à rameuter également les fans de Emilie Simon, Julien Ribot ou Katel par exemple, en leur disant qu’on trouve dans leurs univers respectifs, des pièces de puzzle qui s’insèrent également en divers emplacements de cet album. Mais la richesse et l’instabilité de ce troisième effort perturbent toute tentative de rapprochement étroit ou de catalogage précis. Si bien qu’après quarante minutes la conclusion se fait entendre, par le biais du titre éponyme et particulièrement oppressant, avec ces derniers mots scandés à répétition : « Nous ne savons plus qui nous sommes, nous ne savons plus qui nous sommes ». On les comprend aisément mais on ne leur en veut surtout pas !
Quand je regarde autour de moi c’est un véritable chantier. J’ai fouillé, retourné, décortiqué dans tous les sens les nombreuses sorties qui ont rythmé cette année 2009 et ai laissé une vraie pagaille. Heureusement dans un petit coin, sur un piédestal, se situent dix albums que j’ai pris soin de bichonner et pour lesquels j’ai stoppé ma frénésie passagère (...)
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