Bike For Three ! - More Heart Than Brains
Pochette version cœur chirurgical sur néant. Musique alliant flow viscéral et dentelles électroniques. Rencontre entre deux continents. Ou comment mettre en musique la tectonique des plaques personnelles et sensibles. More Heart than Brains !!!
1. Beginning
2. All There Is To Say About Love
3. Lazarus Phenomenon
4. Nightdriving
5. There Is Only One Of Us
6. No Idea How
7. Always I Will Miss You. Always You.
8. The Departure
9. First Embrace
10. Can Feel Love (Anymore)
11. One More Time Forever
12. MC Space
13. Let’s Never Meet
14. More Heart Than Brains
15. Ending
Sur le papier, Bike For Three ! n’a rien d’un projet évident. D’abord les duettistes, séparés par l’océan Atlantique, ne se sont jamais rencontrés physiquement. Ensuite, leurs univers musicaux respectifs ne sont pas forcément proches avec, d’un côté, le Canadien Richard Terfry aka Buck 65, figure incontournable du hip-hop à la discographie sinueuse déjà bien fournie et de l’autre, Joëlle Phuong Minh Lê aka Greetings From Tuskan, vidéaste, productrice et étoile montante de l’électronica belge.
Pourtant, à l’écoute de More Heart Than Brains – un sacré manifeste qui, s’il fait parfois des ravages au sein des relations humaines, convient parfaitement à la musique ou plutôt à notre musique, celle que l’on défendra toujours bec et ongles – les deux protagonistes montrent une exceptionnelle complicité, preuve qu’il doit bien y avoir quelques avantages à fonctionner de la sorte : Joëlle envoie ses arabesques ourlées et éthérées à Richard qui y pose ses textes et son flow viscéral, expressif et reconnaissable entre mille avant de les lui renvoyer pour quelques retouches ultimes. Il en résulte cinquante minutes d’un hip-hop électronique envoûtant, extrêmement délicat et personnel. Et alors que parties instrumentales et refrains permettent aux deux artistes d’exprimer toute leur créativité – chacun apportant de multiples variations à l’atmosphère générale de l’album – la cohérence de l’ensemble est pourtant implacable.
Les mélopées stratosphériques à la production très détaillée de Greetings From Tuskan, pêle-mêle de synthé cristallins, glitchs et sons plus organiques offrent un écrin remarquable aux saynètes futuristes de Buck 65. Les réussites sont multiples : du groove électronique et constant de Nightdriving à Lazarus Phenomenon et son breakbeat qui s’amplifie en même temps que l’histoire qu’il dévoile approche de son dénouement, en passant par le superbe Always I Will Miss You. Always You. où s’invite un violoncelle, le duo plante une atmosphère riche et profonde, tour à tour mélancolique et mystérieuse. Il y a bien sûr quelques exceptions, des ambiances un peu différentes - ce MC Space totalement old-school qui nous renvoie aux débuts du hip-hop, reprise de MC Shan que Buck 65 vénérait dans sa jeunesse – ou tourmentées le temps de The Departure, voire de First Embrace aux sonorités plus agressives.
Les titres, dépassant rarement les quatre minutes, s’enchaînent très rapidement, renforçant encore la cohérence de l’ensemble alors que l’éloignement s’efface, au final complètement vaincu. More Heart Than Brains est d’ailleurs un album qui ne pouvait exister qu’avec le réseau mondial qui se joue des frontières, qu’elles soient géographiques ou musicales. Et qui de mieux qu’Anticon pour abriter ce diamant noir ?
Au final, More Heart Than Brains, certes, mais il y a quand même beaucoup de cortex au sein de ce duo et de cet album qui, on l’espère, appellera une suite. Ce que semble suggérer la dernière note du dernier morceau, Ending, qui flotte encore longtemps autour de nous alors que la musique s’est tue.
Buck 65 interprète Nightdriving au Camden Jazz Cafe.
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