Beirut - The Flying Club Cup
Avec The Flying Club Cup, Beirut alias Zach Condon, plus francophile que jamais, continue à combiner avec talent musique balkanique et folk américain. A l’Est, quoi de nouveau ?
1. A Call To Arms
2. Nantes
3. A Sunday Smile
4. Guyamas Sonora
5. Le Banlieu
6. Cliquot
7. The Penalty
8. Forks and Knives (La Fete)
9. In The Mausoleum
10. Un Dernier Verre (Pour la Route)
11. Cherbourg
12. St. Apollonia
13. The Flying Club Cup
Revoilà donc Beirut, un peu plus d’un an seulement après la sortie de Gulag Orkestar qui aura propulsé Zach Condon, la vingtaine à peine entamée, sous le feu des projecteurs de la hype indé. En l’espace de quelques mois, le natif d’Albuquerque a donc trouvé le temps de parcourir le monde sans relâche pour défendre sur scène ce premier album, multipliant les prestations intenses et enivrantes jusqu’à l’épuisement, ce qui le contraint d’annuler son premier passage en France au festival des Inrockuptibles. Une signature sur le prestigieux label 4AD et quelques concerts à emporter pour la Blogothèque plus tard, Zach Condon et sa petite fanfare de poche reviennent donc avec The Flying Club Cup creusant inlassablement le même sillon qui fit l’originalité et la réussite de son prédécesseur.
Pas de révolution donc à Beirut, pas encore de coup d’état de la part d’intégristes fanatiques des grosses guitares, pas de prise pouvoir de beats électros tapageurs venus rendre Justice. Non, sur The Flying Club Cup, cuivres, ukulélé, accordéon et percussions mènent toujours la danse pour délivrer cette musique mélancolique qui se nourrit de culture française autant qu’elle s’enivre des vapeurs d’alcool fort venues d’Europe de l’Est. Depuis Lon Gisland EP, les chansons de Beirut ont pourtant incontestablement pris de l’ampleur en s’enrichissant des arrangements de cordes d’Owen Pallett, leader de Final Fantasy et membre d’Arcade Fire. C’est donc près de Montréal dans une ancienne église transformée en studio par le groupe de Win Butler que les nouveaux morceaux de Zach Condon ont pris de l’épaisseur allant même jusqu’à se parer de saveurs orientales inédites (In The Mausoleum). Ayant pas mal séjourné à Paris ces derniers temps, Zach Condon multiplie les clins d’oeil à la France, en donnant comme cadre à ses histoires, des villes où il n’a parfois jamais mis les pieds (Nantes, Cherbourg) ou en se référant à des expressions qu’il affectionne (Un Dernier Verre (Pour La Route)). Mais c’est bien dans les Balkans que cette voix décidément trop mature pour un gamin de 20 ans, nous emmène voyager avec nostalgie, les larmes dans les yeux et un flasque de vodka frelatée dans la poche. On aura beau traquer l’ADN du géniteur de ces chansons nomades, on y trouvera pourtant nulle trace d’origine Tzigane, preuve que l’expression et l’émotion musicales au même titre que la notion d’attaches familiales n’ont rien à voir avec un quelconque déterminisme génétique. A moins de s’être fait piquer sa copine par un atroce fan de “World Music de merde”, comme Rob Fleming dans High Fidelity, difficile de résister à ces mélodies artisanales d’un autre âge qui nous invitent à faire la fête jusqu’au bout de la nuit (Forks And Knives (La Fête)) ou à danser des valses hésitantes et bancales (A Sunday Smile).
Zach Condon a l’avenir devant lui pour mener son petit orchestre sur de nouvelles routes, lui faire découvrir de nouvelles contrées. En attendant et même si l’étiquette d’icône bobo façon Calexico ou Devendra Banhart le guette, il serait dommage de ne pas succomber au charme délicat des 13 vignettes nostalgiques qui composent The Flying Club Cup.
A voir : Les morceaux de The Flying Club Cup ont fait l’objet de 12 vidéos tournées par Vincent Moon pour la Blogothèque.
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